* * *
M’en allant amoureusement
Sur mon p’tit vélo tout blanc
Rues et ruelles croisant
A l’approche d’un feu me retrouve freinant
Quand soudain,
Le long de mon pantalon blanc
Un objet sur ma jambe sens :
Doux cliquetis sur le serre cheville s’arrêtant.
What is this?!!!
Aussitôt su, aussitôt freinant
Le cul d’une voiture évitant
Un autobus me frôlant
Sacrebleu, c’est achalant!
Explorant par tâtonnement
Reconnais l’objet gênant.
Tiens! ma poche est trouée
J’y avais mis mes clefs.
Est-ce que ça vous rend conscient
Qu’un petit trou béant
Peut vous approcher du néant ?
* * *
A quoi ça rime
De conduire en terre
Un morceau de matière?
De pleurer un corps
Quand seulement lui est mort?
Le propriétaire
Est au-dessus du cortège,
Avançant tristement,
Et aussi lentement
Il sait…
Que c’est son enterrement!
* * *
À TIRE-D’AILE
À tire-d’aile devant mon nez
Un vol d’oiseaux m’a effrayée
À toute berzingue sur mon vélo
Je fous les voiles loin du boulot.
Hors de la ville, hors du bitume
J’adore la vie, j’adore la lune.
Vive les étoiles que je vais voir
Allongée sur le dos,
Vive l’été, vive le soir.
Peau toute bronzée dans mon p’tit short
Dessus la selle, je deviens folle
Les gars me sifflent, ils me klaxonnent
Et même parfois, ils me sonnent.
Ma limousine n’a que deux roues
Mais nom de Dieu elle va partout.
La liberté je l’ai trouvée
Dans la campagne, c’est le plein été.
À tire-d’aile devant mon nez
Un vol d’oiseaux m’a effrayée.
* * *
AUTOMNE
Souliers gris
Pleins de pluie
Feuilles vertes
Qui s’altèrent
La ronde du vent
Passe
En tourbillonnant.
Traces de feuilles
Sur linceul,
Macadam
Donne le drame,
L’empreinte du temps
Séduit
Obstinément.
Dessus rouille
Dessous vert
Plus il mouille
Plus il perd
C’est la charge de l’ automne
Dans ce ciel qui détonne.
* * *
OURAGAN
Que cherches-tu ?
Si désespéré
Si anxieux !
Tu fouettes
Tu cingles
Ta furie n’a de cesse…
Combien d’arbres ce soir?
Combien de cheminées?
Tu as fait des ravages
Dans cette froideur noire…
Plusieurs fois tu m’as réveillée
Indiscret, colérique, offusqué.
Et ce matin?
Ce matin, dans ce ciel sombre
Dans ce ciel
Où quelque trou de soleil
Illumine sans pareil,
Dans ce scintillement
Dans cet or, sur fond d’ombre
Tu tournes
Toujours,
Moins sauvage
Plus suave
Mais tu tournes.
Et au jour,
J’aime…
BLUES
Comme bizarre je suis
À n’aimer que ce que je fais
À vous lire
Je m’ennuie…
Et pourtant,
Poésie
Me plaît.
* * *
CE SOIR, JE RÊVE
Ce soir, je rêve
A un énorme bouquet
De roses, de lys et d’њillets.
Mon amour, au soleil
N’a pas songé à le faire.
A en savourer l’idée
Dois donc me complaire :
Ce soir,
Je rêve…
A un énorme bouquet
De roses,
De lys
Et d’њillets.