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CULTURE Were Were Liking, fondatrice de
”Nous sommes un atout fondamental dans la reinsertion des jeunes”
De retour de Kumasi au
laquelle Eto’O joue son propre role, Were Were Liking, par le role qu’elle a incarne, raconte l’enfance de la star
du football camerounais. Comme un travelling sur le passe du Ki-yi et sur la culture ivoirienne, elle fait part de
son engagement culturel, marque depuis 24 ans de formation sans subvention de l’Etat, du redemarrage du
cinema ivoirien. De ses espoirs, de son tresor. Desir de partager l’experience pour la reinsertion des jeunes et
memes des combattants en
Comment se porte le village Ki-yi ?
Nous nous portons relativement bien grace a Dieu. C’est bien quand nous avons la possibilite de poser des
actions au quotidien en etant en bonne sante et en harmonie avec soi meme.
Vous etes de retour du Ghana ou vous avez participe au tournage du film «Eto’O, l’Africain» portant sur la vie
du camerounais Samuel Eto’O Fils. Peut-on savoir comment le choix s’est porte sur vous et le village Ki-yi ?
Je n’ai fait aucune bataille. Ce sont des choses qui se situent dans le temps. On est en relation avec des gens
et quand ceux-ci ont des opportunites ils vous appelle. Je connais Jean Pierre Bekolo (Ndlr, le realisateur)
depuis une dizaine d’annee. Il m’a fait savoir que je pouvais tourner avec mon groupe dans son film, alors
nous sommes partis a sept (Ndlr, a
A
L’ambiance etait assez bonne. Nous avons tourne l’ensemble du film. Presque tous les membres du groupe
(Ki-yi) on campe des roles principaux. Le probleme etait de pouvoir avoir la disponibilite de Monsieur Eto’O.
Ce qui etait tres difficile. Vous savez comment les choses ont commence pour le Cameroun (Ndlr, au debut de
tournage s’est naturellement bien deroule.
Il a ete rapporte que vous avez reecris le scenario …
Non…Ce serait trop pretentieux de le dire. Le realisateur m’a autorise a lui faire des suggestions que j’ai
faites. Il fallait rester dans l’esprit de ce que disait le personnage de Eto’O. Cela engage donc sa creation. Je
me suis juste contente d’attirer son attention. J’ai apporte donc des suggestions qui ont ete acceptees. Alors
j’ai apporte une orientation dans le film dans la mesure ou ce n’est pas la vie de Eto’O. C’est une fiction dans
la quelle Eto’O joue son propre role, a certains moments. Mais, ce choix n’etait pas tres clair dans la tete du
realisateur. L’ecriture laissait quelques doutes. Avec mon regard exterieur, j’ai attire son attention sur le fait
que faire dire des choses a Eto’O – on pouvait penser que c’est lui Eto’O qui disait ces choses – pourraient lui
porter prejudices. Alors que c’est le realisateur qui, en fait, pense cela. En cela, il fallait trouver un personnage
intermediaire qui dise ces choses sans pourtant que cela engage le personnage de Eto’O.
Etant Mamy Makala dans le film, quel temoignage pouvez-vous apporte sur l’enfance de Eto’O ? Votre regard
sur ce jeune devenu une star du football.
Mamy Makala est – aussi un personnage qui a pris une autre envergure – vendeuse de beignets, tout comme
les vendeuses d’Attieke, de Dege dans certains quartiers. C’est tres emouvant, on garde un certain gout et
nous avons l’habitude de dire «ce sont les beignets qui nous ont fabrique, ce sont les bouillies qui nous fait
grandir…». Cela fait partie de la vie des gens. Finalement, il s’etablit des rapports interessants. On considere
cette Mamie Makala chez qui les Eto’O ont vole des beignets et elle qui faisait semblant de ne voir – alors
qu’elle voyait – juste pour les encourager, pour les soutenir; comme une courroie de transmission particuliere
de force a Eto’O. Le realisateur a voulu que je devienne, en quelque sorte, une personne magique.
Quel regard portez-vous sur le cinema ivoirien ?
Je pense que le cinema ivoirien va connaitre une grande progression parce qu’il se liberalise, il se replace a
zero. On n’a pu le placer la ou on a voulu qu’il soit. Les actrices s’approprient les cameras. Les femmes
rentrent dans le jeu de la realisation. C’est un depart. Mais, c’est ainsi qu’il faut faire. Commencer par le
commencement en formant des realisateurs. On va voir un vrai redemarrage du cinema. On avait comme
d’habitude commence avec 32 dents – en Afrique, nous voulons toujours commencer avec 32 dents – mais, je
pense que nous sommes en train de suivre l’exemple du
democratisent. On commence par des balbutiements, chacun fait n’importe quoi sans tenir compte des regles
du cinema pourvu de le faire. J’ai espoir que le cinema ivoirien est en train de faire enfin son vrai
redemarrage. Beaucoup de gens vont s’interesser. Tout cela ira ensemble et le progres des scenaristes, des
realisateurs suivra. Il y a des organisations comme le Festival du court metrage par-ci, les Clap ivoire par-la,
des feuilletons, qui pour l’instant, sont ce qu’ils sont. Mais, c’est en le faisant qu’on fera des faiseurs de cinema
et ce public deviendra de plus en plus exigent.
L’Intelligent d’Abidjan n° 1335 du 6 mars 2008 1 / 2
De la villa Ki-Yi au village Ki-Yi, satisfaction ou amertume sur le chemin marque par la volonte, l’engagement,
la generosite ?
Les difficultes sont la. Depuis 24 ans que je pratique mon art, je n’ai jamais beneficie de subvention. Certes,
l’Etat me donne des medailles. Mais, on n’a toujours pas estime qu’on puisse m’aider a payer au moins ma
facture d’eau. Quelque part, c’est un peu injuste. On reconnait le merite de quelqu’un mais on ne l’aide pas.
On le laisse ainsi pendant pres d’un quart de siecle. Je trouve cela etrange ! Cela ne me rend pas
malheureuse bien qu’il y ait des moments ou cela m’enerve. Cependant, j’ai beaucoup de joies a voir ces
jeunes qui, sans le village (Ki-Yi), seraient un danger public pour la societe. Je me dis alors, je fais ma part de
travail. Je suis satisfaite quoique je n’ai pas encore les moyens de les pousser, de pousser leur carriere afin
qu’ils aillent plus loin. Malgre tout, je suis relativement contente.
De l’injustice dont vous parlez et le manque de subvention pour aider a l’evolution du Ki-Yi. Si vous etiez en
face d’un representant du meme Etat, quelle serait la liste de vos doleances ?
Je demande tout juste a l’Etat de tenir compte de l’experience du Ki-Yi. De ce que nous avons en matiere de
reinsertion des jeunes. Nous traversons un moment de crise et nous voulons tous en sortir. Le village Ki-Yi
offre une formation exceptionnelle pour l’insertion des jeunes afin d’ameliorer leur humanite, declencher leur
creativite, developper le sens de la responsabilite individuelle dans ce qui nous arrive. C’est plus qu’un tresor
que le Ki-Yi offre, surtout dans le cadre de la reinsertion. Je ne suis qu’une artiste donc je fais la reinsertion a
travers les arts. Je dis donc au gouvernement: nous avons des moyens de participer a la reinsertion en
apportant cette formation speciale Ki-Yi. Nous pouvons nous deplacer dans les camps de regroupement pour
apporter cette formation. Qu’il tienne compte de cela. Nous sommes un atout fondamental dans cette
reinsertion. Qu’on ne l’oublie pas. On leur demande juste de nous permettre de participer a cela. S’il y a des
moyens qui sont liberes pour cela, ils nous les donneront en fonction du travail que nous allons faire.
Aujourd’hui, je demande au gouvernement de nous aider a travailler, de nous permettre de tourner, de
developper ce que nous avons developpe en 24 ans maintenant de formation de la jeunesse. Qu’il nous
permette maintenant de nous mettre au service de tous ces jeunes qui sont la. Nous pouvons former a avoir
un esprit plus fort, avoir une creativite liberee, avoir le sens de la responsabilite individuelle. Parce qu’on
attribue toujours la responsabilite aux autres tout en oubliant que dans tout ce qui arrive, chacun de nous
aurait pu aider a l’eviter ou l’ameliorer pour degager quelque chose de bon. Le Ki-Yi dispose et des moyens
humains et techniques et de certains facteurs pour aider a la reinsertion des jeunes.
Une idee des modules developpes au sein de votre fondation, le Ki-Yi ?
Il y a ici un module Initiation comme nous l’appelons. C’est-a-dire, les bases de depart de la formation
interieure, le point de demarrage de carriere. Avec le module Profession, nous permettons au gens d’ameliorer
leurs competences dans les domaines qui sont les leurs. Le module Global s’adresse a des gens qui ne
savent pas ce qu’ils vont faire, qui n’ont rien au depart. Donc nous prenons du depart jusqu’a la carriere. Il y a
aussi le module pour
le clavier, etc. Dans ces domaines, nous avons forme des personnes qui ne demandent qu’a accompagner
ceux qui voudraient apprendre. Il y a donc beaucoup de possibilites dans la formation Ki-Yi.
Vous qui avez commence dans le theatre, depuis les annees 80, il y a un relachement au niveau du theatre.
Des personnes tel Sidiki Bakaba font leur possible pour reanimer cet art vivant. Votre regard sur cet art dans
l’agonie.
Le theatre est la. C’est un art qui doit etre absolument soutenu. Ce n’est pas comme la musique ou l’on peut
vendre des milliers de disques, de clips. C’est un art vivant . Un art de l’ephemere qui meurt tous les soirs,
tous les matins et qui renait a chaque fois que l’auteur s’y remet. Meme quand les rentrees sont moindres.
C’est pour cela que partout dans le monde, le theatre est subventionne. Tant que l’Etat ne donnera pas les
moyens pour subventionner le theatre, les createurs de theatre ne pourront continuer alors qu’ils abattent un
travail colossal. En revanche, l’on voit comme des choses de moindre qualite. On ne promet pas le theatre
alors qu’il a besoin d’etre promu et d’etre soutenu. Si aujourd’hui mon frere Sidiki Bakaba peut continuer a se
battre c’est parce qu’il est dans une position qui le lui permet. Sinon peut-etre que lui aussi aurait baisse les
bras. Il a, au moins, une infrastructure ou il peut programmer un peu de formation, de la creation annuelle. Et
donc maintenir les jeunes meme quand, lui, il peut jouer pour sept personnes qui viennent le voir. Il a tout une
equipe dont il a les moyens d’entretenir. Cependant, le theatre est la. Les acteurs egalement. Les pieces, il y
en a. Il y a tout. Seulement, moi par exemple, je ne me vois plus m’echiner a creer une piece de theatre qui va
jouer une fois. J’ai cree «Sogolon» qui est la. Ceux qui l’ont vu savent de quoi il s’agit. C’est un spectacle qui
m’a coute les yeux de la tete. Je l’ai pourtant joue deux ou trois fois. Et peut-etre trois ou quatre fois a
l’exterieur de
creer une autre piece de theatre pour l’instant.
Interview realisee par Kone Saydoo
L’Intelligent d’Abidjan n° 1335 du 6 mars 2008 2 / 2